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j'ai rêvé New York, New York USA...
10 juin 2011

Chapter 2

La machine à découper les bagels en deux est la première curiosité du jour. Pas la dernière. Ce matin, vu le ciel maussade et puisque nous sommes dimanche, j'accepte de renoncer à arpenter un flea market pour aller assister à une  messe à Harlem. Première étape, rallier la bouche de métro la plus proche pour acheter notre metrocard. Grand moment de bonheur avant de comprendre comment fonctionne le distributeur... Puis nous cherchons la ligne de bus qui nous conduira à l'autre bout de la ville. A l'arrêt de bus, deuxième surprise, les arbres qui jalonnent les trottoirs sont des ginkos. Mais les feuilles sont trop hautes  et je n'aurai de cesse de trouver une branche à ma hauteur. Je la dénicherai dans l'après-midi aux abords de l'université de Columbia.

Dans le bus, l'ambiance change à mesure que nous nous éloignions des buildings de midtown. Les passagers aussi. Plus nous approchons de Harlem, et plus montent des familles endimanchées, des mamies chapeautées. Nous décidons d'en suivre une mais l'église qu'elle rejoint semble trop peu fréquentée. Flo choisit une église méthodiste sur le mur de laquelle nous avons pu lire la banderole suivante " open hearts, open minds, open doors".

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A l'intérieur,  nous sommes chaleureusement accueillies, tout comme les rangées de touristes blancs qui occupent les bancs au fond de l'église. Pendant son prêche, et avant la quête, le révérend nous interpelle, nous demande de nous lever et encourage ses ouailles à nous saluer. Echange de poignées de mains, embrassades et larmes pour Flo et Marie Line, très émues.
Mais nous sommes tombées sur un jour particulier et après deux heures et demi de chants, de prières et d'intervenants qui se succèdent au prêtoir, la messe n'est toujours pas dite... Et même s'il est déconseillé de quitter les lieux avant la fin, Karine et moi n'y tenant plus, désertons la chapelle en catimini. Les filles nous rejoignent bientôt.
Il fait toujours gris et froid... Les gens sortent des églises, il est l'heure de déjeuner. Nous remontons les rues jusqu'à Lennox street pour entrer chez Jacob's. Ce restaurant propose un large choix de plats traditionnels cajuns à déguster sur place ou à emporter. L'ambiance est chaleureuse. Sur les murs, au milieu des personnalités noires, le portrait d'Obama et le discours qu'il prononça à Washington lors de son investiture. Une femme noire plus très jeune, généreuse, chante des standards accompagnée par un jeune pianiste. Nous l'écoutons en dégustant notre premier déjeuner américain que je termine par une part de banoffee pie. Nous ne nous attardons pas, la clientèle se succède à un rythme soutenu.

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Le vent oblige Flo à entrer chez H&M pour acheter une veste et une écharpe. En l'attendant, nous observons le spectacle de la rue. Les trottoirs sont envahis par des vendeurs de karité, d'encens. Des effluves de chouraï chatouillent nos narines. L'Afrique se respire. Nous déambulons, photographiant l'Apollo, les coiffures afro, les façades parées de vert de gris et de fer forgés. Mais le grisaille ne met pas en valeur l'architecture, les nuances de couleurs, la patine.

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Nous rejoignons l'Hudson, et l'université de Columbia, la plus ancienne de la ville. Par la fenêtre d'une salle donnant sur les jardins de la faculté, nous observons des couples d'étudiants portant brassard, répétant back stage les pas d'un concours de danse de salon.
Nous longeons la divine cathédrale, qui n'a de divin que le nom, énorme et inachevée. Nous pénétrons dans sa nef monumentale pour en ressortir assez vite, elle n'offre pas un grand intérêt. Elle est trop grande, trop vide, émaillée ça et là d'oeuvres d'art étranges, de retables sombres où sont abordés des thèmes obscures...

Plus sensibles aux nourritures terrestres, nous rejoignons juste en face the hungarian pastry, un salon de thé qui propose une large variété de patisseries hongroises et d'ailleurs. Le lieu est rempli d'étudiants qui bavardent ou travaillent dans un cadre au charme désuet, comme figé 30 ou 50 ans en arrière et dont la patine me rappelle celle du loir dans la théière à Paris. Nous passons un moment délicieux, après avoir chassé (à notre corps défendant) un jeune homme esseulé à une table de 6 !

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Un bus nous rapproche de la 72eW et Central Park Au niveau de Strawberry Fields. J'ai pour mission d'immortaliser le Dakota building et la mosaïque "imagine" où se recueillent les admirateurs de John Lennon. Peu de monde ce jour là mais quand même un guitariste qui reprend un standard des Beatles.

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Nous voilà donc dans Central Park, et je suis happée par l'étrangeté du lieu. Depuis que je suis à New York et à fortiori à cet endroit, j'ai l'impression d'être passée de l'autre côté du miroir, exactement comme l'héroïne de la Rose pourpre du Caire qui traverse l'écran et rejoint les comédiens d'un univers en carton pâte. Depuis la great lawn, et les buildings qui l'entourent, et dont on peut apercevoir la cime au dessus des arbres, l'effet conte de fée s'accentue. Comment imaginer, dans la vraie vie, une si jolie équation entre la nature, le verre, l'acier et le béton ? Le ciel bas qui étouffe les bruits, les usagers et les touristes pas si nombreux en ce dimanche maussade donnent à l'ensemble un sentiment d'irréalité, de décor gigantesque.

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Le contraste est saisissant quand on rejoint Colombus Circus, l'agitation urbaine et le concert des voitures. Nous apercevons alors au milieu des grosses berlines américaines, une DS beige rutilante aux plaques d'immatriculations superposées, celle de NY sur celle de Paris. Quel effet ! Elle disparait dans le flot des véhicules, comme une apparition, un clin d'oeil aux grand écart permanent entre Europe et Amérique.

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Nous remontons dans le jour finissant les rues et les blocks jusqu'à Time Square. Nous voulons voir l'immeuble du New York Times conçu par Renzo Piano. Il fait nuit et il est tout illuminé quand nous l'approchons enfin. Puis nous nous enfonçons dans le temple survolté du consumérisme... Je ne suis pas du tout charmée par la débauche d'écrans géants et de pixels démesurés et je suis toujours aussi désolée de voir que le monde s'agglutine là, comme des moustiques attirés par la lumière électrique. Nous nous engouffrons dans un délicatessen où je déguste la soupe du jour, un épais bouillon aux haricots rouges, ravigorant et seul plat abordable en ce lieu. En sortant, nous suivons Karine jusque chez M*&*M, grand moment de solitude (enfin intérieure parce qu'il y a foule....) Il est temps de prendre le métro et de retrouver le calme et l'obscurité de la chambre d'hôtel....

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